Il y a trente ans. Je retournais chez moi après avoir
traverser le corridor de l’ancien HEC, qui menait au pavillon d’Études
françaises. C’était en 1989. Il neigeait. Je ne savais pas encore que deux heures plus tard un massacre
allait être commis. On ne pouvait mettre un nom sur l’horreur. L’innommable a
pris aujourd’hui le nom de féminicide. À un âge fragile où un tel traumatisme
s’ajoutait, et alors que je tentais de sortir de celui du traumatisme de la
guerre, une autre violence venait saper tous mes efforts et je devais
recommencer de zéro, tout rebâtir. Pour tout moyen de communication, à
l’époque, il n’y avait que le téléphone. Qui avais-je essayé de contacter en
vain ? Il n’y avait pas de mots. J’avais
oublié comment parler. Il neigeait, je ne me souviens que de cela.
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