Articles

Affichage des articles du décembre, 2013

Sylvie Gendron, Robe et abrupt rocheux

Image
Ma robe n'en finissait pas de s'allonger. Tes mains la brodaient en moi comme une éternelle rémission. Tes aiguilles me pénétraient amoureusement comme celles des feuillages résineux qui persistent malgré le froid. Alors que tes mains m'habillaient, les miennes, mises à nu, imploraient près du lit les roseaux guérisseurs.  Une femme avance vers la déchirure. Son corps comme une écorce d'arbre accepte la nudité de la douleur , la traverse et la transcende. Tel est le recueil de Sylvie Gendron. Une traversée du miroir qui demande le courage d'affronter l'innommable par le biais des métaphores. La chair rejoint la terre. Et la terre reprend vie. À l'écoute de la création. Une femme assiste à sa propre renaissance. Pour se procurer le livre : écrire à roseliere@hotmail.com Sylvie Gendron, Robe et abrupt rocheux Claude Drouin Éditeur , 2013

Voyage en République Dominicaine

Image
Bb Inspiré d'un fait réel * À mon amie Helène M. Comment savoir si je suis haïtienne ?  Vont-ils regarder mon visage pour déterminer les gènes qui circulent dans mon sang ? Brune ? mais un peu trop foncée. Mes yeux en amande ont-ils les couleurs d'Amsterdam ? Et mon accent espagnol, d'où vient-il ? Est-ce que je parle hollandais ? Sauront-ils la langue dans laquelle je pense ? Mes papiers sont-ils en règle ? J'ai trouvé la ruse pour effacer toutes traces de mes origines. De toute manière le récent tremblement de terre s'est chargé de tout raser de mon passé. Me voici avec une nouvelle chance pour vivre à quelques kilomètres à peine de la ville où je suis née. Quelle importance, dites-moi, le lieu de ma naissance si mes grands-parents ont ėté obligés de s'exiler, de migrer pour trouver un emploi, pour survivre à la misère ? Traquée et paranoïaque, je ne veux pas vivre ainsi le reste de mon existence. *   Le 23 septembre 2013, la Cour constitutionnelle de la Rép...

Haïti, kenbe la ! de Rodney Saint-Éloi

Image
« Haïti, kenbe la ! Haïti, redresse-toi !», c’est ainsi que Rodney Saint-Éloi, directeur de la maison d’édition Mémoire d’Encrier , titre son récit du goudou-goudou , le séisme qui avait détruit Haïti il y a trois ans. À peine arrivé à Port-au-Prince pour participer à l’événement littéraire Étonnants- Voyageurs , il allait vivre au jour le jour la tragique catastrophe. « Comment peut-on tout ressentir en même temps, la mort et le goût extrême de vivre avec rage chaque seconde ? » . L’auteur nous relate sa descente aux enfers, à la manière de Dante, ou du Candide de Voltaire lors du tremblement de terre de Lisbonne. Toutes les tragédies se ressemblent, et la rage de vivre, de revivre l’histoire d’Haïti, depuis les débuts de la colonisation, de l’arrivée des esclaves, la révolte courageuse des Haïtiens, l’indépendance et les clivages sociaux. Deux camps, écrit-il : les riches et les pauvres, les mulâtres et les noirs. Tout est dans le regard comme le menti...