lundi 16 novembre 2020

Deux lectures du Rire de l'eau par Nadine Ltaif


 

Invitée à lire deux extraits du recueil Le rire de l’eau (aux éditions du Noroît, 2004) dans la chaîne youtube du poète Indran Amirthayagam, «Ces vers dont les moments de silence sont la respiration des poèmes et leur souffle: une ouverture pour assister la chute des murs qui sépare les cultures et les identités."   




Scènes de Carthage : 

https://www.youtube.com/watch?v=w4kZyER6H4A&feature=share&fbclid=IwAR2yLeNotjb9Jnc-JtOsy5tkQM0oa82Sm74ZNMrRPWJDHpKY25bthmKRjQU







Le rire de l'eau : 
https://www.youtube.com/watch?v=XAOn5_R04ao&feature=share&fbclid=IwAR1Y99-RYi62c_QcIGcLKcjffCwmVFe3G8Gf7kt_2jKoHkOxjJDBo0VyuBQ

dimanche 15 novembre 2020

Je m'appelle humain, réalisé par Kim O'Bomsawin sur la poète Joséphine Bacon

Je viens de regarder le film Je m'appelle humain, réalisé par Kim O'Bomsawin, sur la poète Joséphine Bacon. Et je suis habitée par ce film. Par le Silence qu'il impose. Le Vide qu'il creuse en nous. L'émotion qui s'en dégage. La présence de Joséphine qui relate sa vie. La tisse sur les récits de ses ancêtres, de ses parents. Son voyage vers son passé, retour sur les terres de son enfance, de sa naissance. Les mots innus, les noms des terres oubliées, Les noms oubliés, effacés. Je suis émue par la présence de son accompagnatrice, la poète Marie-Andrée Gill, de la poète Laure Morali. De la générosité de leur écoute. Les archives de Montréal des années 50, années de l'arrivée de Joséphine. Les extraits de films qu'elle a réalisés alors que toute sa vie elle a voulu faire parler ses aînés. Leur donner la parole. Leur faire retrouver la parole. Je m'arrête parce que j'aimerais que vous voyez ce film le plus tôt possible. Un film d'une grande poésie comme les poèmes de Joséphine Bacon. (Merci Mémoire d'encrier qui a publié les poèmes de Joséphine Bacon !!)

Au Cinéma Moderne




jeudi 12 novembre 2020

Rien de mon errance de Nadine Ltaif, lecture par Nelly Roffé

 



Rien de mon errance de Nadine Ltaif, éditions du Noroît, 2019

Lecture par Nelly Roffé


photo par Hejer Charf






Le dernier recueil de Nadine Ltaif doit son titre au poème de Thierry Metz cité dans le Manuscrit  2.

…...Pour me percher au plus haut du jour.

Avoir ce puits où me pencher. Mais

même là-haut

je ne perds rien de mon errance......


Deux voix se répondent, celle du Mendiant et celle du Narrateur dans un dialogue onirique qui nous emmène de Byzance à Venise, passe par la Turquie, la Syrie, le Liban, s'arrête à Montréal pour convoquer la dureté de l'hiver et la souffrance des Autochtones.


Le thème principal est l'exil. Dans notre actualité si cruelle, n'importe qui peut être jeté hors de chez soi « comme une ordure » sans avoir commis de crime. Des villes entières sont effacées de la carte, il n'y a qu'à penser à la Syrie ainsi le narrateur s'adressant au lecteur : « mais tu verras toujours le dessin de Damas incrusté dans la pierre, la Syrie ne quittera pas ta mémoire. »


Le rôle du poète est de montrer la voie et surtout, ne pas rompre la chaîne, habiter les mondes, faire des ramifications.

Il ne reste au mendiant expulsé de la Cité que des carnets à remplir, sa mémoire ne faillit pas. Nadine Ltaif lui fait prendre la figure des exilés politiques de la littérature passée et présente : Ovide, Dante mais aussi Mandelstam, Gibran, Nazim Hikmet .

Elle cite ce dernier : « Les racines de ma poésie se trouvent sous la terre de mon pays ». Et plus loin : « Elles s'étendent en ramifications et s'orientent dans tous les pays du monde. »

Écrire un poème de la filiation consiste à hériter d'un ancien poète qui lui-même a hérité d'un autre et ainsi de suite.


Le recueil nous fait descendre aux sources retrouver les siècles, les époques, il recrée une histoire dialoguée à rebours : temps des empires, temps des invasions, temps des pillages, temps des commerçants vendeurs d'exilés.

On  parlera ici d'un conte poétique polyphonique aux voix multiples où le mendiant, autrefois riche commerçant confie sa détresse dans ses carnets, narre les malheurs du monde dans ses feuillets « remplis d'encre noire » alors que les cris des mouettes déchirent le ciel et que résonnent les hurlements de l'enfer. Ses rêves de Méditerranée se sont évanouis. Il aurait tant voulu refaire naître le miracle du bonheur.


Jusqu'à quand aura duré le calvaire du pauvre mendiant ? Dans cette ville nordique où il s'est exilé, il appuie ses vieux os contre un arbre à qui il relate ses traumatismes. Des êtres aimés à jamais disparus,

des peuples qu'il a connus qui se sont entretués sans vainqueurs ni vaincus, des terres offertes, pillées, abusées. Il racontera son histoire aux fourmis, habitants de l'arbre qui l'écouteront en silence.


Avalés par les mers affamées, Nadine Ltaif interroge notre monde, le sort que nous réservons aux « migrants », à tous les déplacés qui aspiraient à une vie meilleure. Elle leur prête sa voix, prête à se dépouiller pour les aider.


Le recueil se termine par une lettre d'un père à son fils, elle est dédiée à Sherif, le frère de la poétesse. Il vient clore l'épopée onirique et s'incarne dans un événement réel : au lieu de vouloir la mort car plus rien ne l'anime, le père conseille le fils : Dépouille-toi de tout, deviens mendiant, va aider autrui, le vieillard et l'enfant, alors tu pourras mourir en paix. 


Je salue la belle écriture de ce recueil de poèmes divisé en cinq parties, cinq manuscrits retrouvés . Il a la qualité de s'inscrire dans la tradition des grands écrivains passés et présents qui ont confronté le monde, l'ont parcouru et se sont prosternés en toute humilité devant la misère du monde comme pour dire à tous les déplacé que nous sommes, vous n'êtes pas seuls , nous témoignerons pour vous.



Commentaire de lecture de Caude R. Blouin :

Ça se présente sous une couverture où un dessin de songeuse la montre, yeux bien ouverts, se laissant imprégner de ce qui vient du fond de son histoire. Ça s'écrit au je masculin, comme si un écrivain masculin avait voulu pour s'assurer de rejoindre l'humain commun s'imaginer elle; ça vole du Moyen Orient à Venise à Montréal; ça se réclame d'Ovide, Gibran et Zweig, discrètement; ça parle de la richesse intérieure et des pauvretés que l'on associe aux richesses conventionnellement désignées telles; ça dit l'exil; ça dit les passages de victoires à défaites et les aveuglements successifs des empires; ça dit ce qu'interroge en nous tout mendiant, pour peu que l'on se sente errant; ça s'appelle RIEN DE MON ERRANCE, c'est de Nadine Ltaif, éd. Noroît.

Claude R. Blouin 


Pour se procurer le livre ou le PDF: 


https://www.leslibraires.ca/livres/je-ne-perds-rien-de-mon-nadine-ltaif-9782897661694.html


Chant des créatures de Nadine Ltaif

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