Vol pour Beyrouth
Elle était vêtue de noir. Assise dans la salle d'attente de l’aéroport, probablement en transit, j’avais choisi d'aller m’asseoir près d'elle avec mon croissant au chocolat. Je pouvais, et ceci tout naturellement, partager mon croissant avec elle, elle aurait trouvé ce partage tout à fait normal. Une femme arabe ou africaine aurait trouvé tout à fait normal qu’une parfaite inconnue, assise à ses côtés, rompe son croissant et propose de le partager. Je ne fis rien. Trop gênée. Elle semblait absorbée par ses prières. Son visage était celui d’une madone, tout en elle dégageait la sainteté. Je ne sentais pas qu’elle répondait aux critères de la femme voilée. Je veux dire de ce que nous prétendons connaître des femmes qui se voilent. Elle n’était pas si jeune ou bien était-elle de mon âge ? ne suis plus moi-même si jeune. Une entente tacite entre elle et moi. Elle, voilée; moi, cheveux frisés ébouriffés autour de la tête comme une crinière. Je n’osais pas lui...