Elle était vêtue de noir. Assise dans la salle d'attente de l’aéroport, probablement en transit, j’avais choisi d'aller m’asseoir près d'elle avec mon croissant au chocolat. Je pouvais, et ceci tout naturellement, partager mon croissant avec elle, elle aurait trouvé ce partage tout à fait normal.
Une femme arabe ou africaine aurait trouvé tout à fait normal qu’une parfaite inconnue, assise à ses côtés, rompe son croissant et propose de le partager.
Je ne fis rien. Trop gênée.
Elle semblait absorbée par ses prières. Son visage était celui d’une madone, tout en elle dégageait la sainteté. Je ne sentais pas qu’elle répondait aux critères de la femme voilée. Je veux dire de ce que nous prétendons connaître des femmes qui se voilent.
Elle n’était pas si jeune ou bien était-elle de mon âge ? ne suis plus moi-même si jeune. Une entente tacite entre elle et moi. Elle, voilée; moi, cheveux frisés ébouriffés autour de la tête comme une crinière. Je n’osais pas lui offrir mon croissant. Pourtant elle aurait compris ce geste, même si elle aurait probablement décliné mon offre.
Je me sentais plus proche d’elle que de toutes les autres personnes dans l’aéroport Charles De Gaulle, attendant, elle et moi, notre connexion. Pour où déjà ? Je n’étais pas à la bonne porte. Allait-elle aussi à Beyrouth ? Allait-elle prendre le même vol que moi ? Je ne le pensais pas. Mais je ne suis pas à la bonne porte ! Ces personnes partent pour Lima. Je me renseigne, une passagère me dit : Mais le vol pour Beyrouth est déjà parti. Ai-je raté mon vol, demandais-je à l’agent ? Mais non madame, votre vol est dans une heure. Nous avons changé de porte. Il m’indique la nouvelle porte.
Nous faisions un si beau voyage sans aucune turbulence et le bonheur dans mon cœur de retrouver bientôt les miens.
La poétesse passe à la prose pour raconter des souvenirs récents.
RépondreSupprimerOn en redemande...