Catherine Mavrikakis raconte l'histoire du père. Une peinture attendrie et écorchée de celle qui tente de faire le deuil de sa disparition. Relation houleuse, faite d'attractions et de rejets d'un père autoritaire, fantasque et attachant. Entre fiction et biographie, très vite on comprend qu'on ne pourra pas démêler les deux, car la fiction, par le style, toujours l'emporte sur la réalité. Le lecteur s'attache au portrait que l'auteure dresse de lui. Il s'attache même à son fantôme. La lectrice que je suis est avalée par la lecture du livre, tant il est séduisant du point de vue du style. Il m'est impossible d'arrêter ma lecture comme il a été impossible à la narratrice de ne pas écrire l'histoire du père, le Grec, l'Algérien, l'Américain, le Canadien, l'immigré de l'avenue du Parc. Il y a des nécessités inévitables. On voit bien que les thèmes du cannibalisme et du deuil, sont les moteurs de création dans l'oeuvre de Catherine Mavrikakis (Deuils cannibales et mélancoliques (roman), Éditions Trois, 2000 ). Les mots reviennent nous hanter, nous visiter comme les souvenirs, comme le passé que nous avalons et qui nous ravale sans cesse. N'est-ce pas là l'interminable plaisir de la lecture-écriture ?
La ballade d'Ali Baba de Catherine Mavrikakis, Les éditions Héliothrope , 2014, 213p
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