Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
— (Le serpent qui danse, Charles Baudelaire)
L'Indolente. Synonyme : l'inerte, l'amorphe, l'apathique...Mais l'on entend : l'Insolente. Le tableau le plus osé de Bonnard. Un corps nu de femme en liberté. Jambes écartées sur un lit. Corps de jeune fille. Une partie du corps, dans l'ombre, accentue l'érotisation de la chair. Le noir sur la chair. Le contraste crée le volume. Celui qui ne jouait plus de l'ombre et de la lumière pour créer la perspective, qui peignait sur un même plan, comme un enfant, suivant le modèle de Cézanne : faire du volume par contraste de couleurs, nous présente une oeuvre hors de tous sentiers. Son modèle, sa femme, sa muse pose dans un grand nombre de ses nus. Je n'ai pas pu savoir si le modèle dans l'Indolente était Marthe. Le modèle vogue sur un lit de nuages qui lui traverse la cheville.
L'Indolente. Quel titre évocateur !
Marthe aimait le bain. Elle en prenait plusieurs fois par jour. Son amoureux la peint dans sa baignoire. C'est la deuxième plus troublante toile : Marthe étendue dans la baignoire. Presque morte. Un corps presque en décomposition. Un bras plus court. La lumière du dehors traverse les fenêtres à carreaux. Plusieurs teintes du mauve au bleu au jaune au rose, les couleurs de la palette de Bonnard. Même couleur pour le corps. Le jaune toujours présent comme un espoir pour sortir Marthe de la fragilité de sa santé mentale. Folie tangible de Marthe. Le tableau qui peint le mieux sa fragilité. On la dirait suicidée.
L'exposition au Musée d'Orsay porte le titre Pierre Bonnard : Peindre l'Arcadie. La terre idyllique . Celle recherchée par Bonnard se trouve en Provence. Plusieurs séjours lui font élire domicile dans Le Cannet. Plusieurs avant lui ont cherché les couleurs de la méditerranée. La Méditerranée est une femme sculptée d'Aristide Maillol et qui figure dans l'exposition. Dans les toiles de Bonnard, la vibration de la couleur et de la lumière qu'il capture intensifie l'émotion.
Il rencontre Marthe en 1905 et l'épouse en 1925. Marthe meurt en janvier 1942. Elle est enterrée au Cannet. Bonnard meurt en janvier 1926. Il est enterré au cimetière Le Cannet avec Marthe.
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