Une Anglaise en Turquie au XVIIIe
En cette époque où ce qui vient du monde musulman est suspect, je voudrais parler d’une femme dont on ne ne se souvient plus. Cette dame est une lady du XVIIIe siècle. Elle se nomme Mary Montagu. J’ai découvert sa correspondance grâce au roman de Mathias Énard, Boussole . Épouse de l’ambassadeur anglais à Istambul, en 1717, elle décrit la Turquie comme, à ma connaissance, aucun Occidental ne l’avait fait auparavant. En lisant L’Islam au péril des femmes , je découvre une femme généreuse par son regard ouvert sur le monde. L’abondance de ses descriptions, son désir de passionner et d’éblouir ses correspondants par les choses « extraordinaires » qu’elle voit. Car pour de l’extraordinaire, il n’en manquait pas. Lady Montagu a un tel degré d’empathie qu’elle ne semble plus appartenir à son peuple. Elle dit « votre » et « vos mœurs » en parlant de son Angleterre d’origine. « J’ai lu votre Homère. Les mœurs or...