Articles

Affichage des articles du 2022

Mïtra Vol. 6, automne 2022 , dédié en partie à Etel Adnan

Image
Etel Adnan nous a quittés il y a un an.  Quelques textes  et poèmes de notre sixième numéro de Mïtra voudraient lui rendre hommage. J’ai vécu dès mon enfance avec la conscience, gravée en moi, que l’exil géographique n’est qu’un cadre pour un exil plus profond et contre lequel on ne peut rien. Etel Adnan, Voyage, guerre, exil , L’échoppe, 2020 « Pour qui écrit-on ? Et qu’est-ce que la peinture ? » Ce sont les deux questions sur lesquelles Etel Adnan s’est penchée dans son oeuvre de poète, de romancière et de peintre, une oeuvre qui traverse le vingtième et les deux premières décennies du vingt-et-unième siècles. Etel a écrit dans trois langues : l’anglais, le français et l’arabe. Elle a vécu au Liban, puis à Sausalito en Californie où elle a fondé les éditions The Post-Apollo Press avec son amie la sculpteure Simone Fattal, enfin à Paris à Saint-Germain-des-Prés. Aux États-Unis, Etel a enseigné la philosophie en s’inspirant des réflexions d’un grand nombre d’artistes et d’écri...

Le monde selon l’âne EO

Image
  Film du grand réalisateur Jerzy Skolimowski. Tourné à l'âge de 84 ans. Arrivé au sommet de son art, le réalisateur nous offre une lecture cinglante du monde : la vie d’un âne. Tout respire dans ce film. Respire, souffre, pleure et vit. L’impuissance de l’âne face aux crimes des humains. La souffrance qu’il subit. C’est le Candide dans le conte de Voltaire. Le paysage chez Skolinowski est un personnage en soi. Il est grandiose. C’est le plus beau film que j’ai vu au Festival du nouveau cinéma. EO film par  Jerzy Skolimowski, 88 min Scénario : Ewa Piaskowska · Jerzy Skolimowski Musique : Paweł Mykietyn Avec Eo (joué par 6 ânes), Sandra Drzymalska, Tomasz Organek, Mateusz Kosciukiewicz et Isabelle Hupert.

Les Olympiades de Jacques Audiard

Image
La semaine dernière, nous avons vu les Olympiades de Jacques Audiard. Hejer m'informe que c’est le surnom du quartier du 13e arrondissement à Paris. Comment esquisser les relations amoureuses des jeunes d’aujourd’hui ? Ces jeunes qui ont dépassé les différences raciales. Il y est question de sexe, d’amour, de relations humaines, de jalousie. Pas de couleur de peau. Le cinéaste évoque subtilement les communautés chinoises, la communauté africaine, le quartier du 13e. Mais il ne filme pas le quartier de manière frontale. Il l’évoque, le suggère. Filmant le détail pour le tout. D’où sa poésie. Plus proche d’un Louis Malle que d’un Truffaut. Et pourtant, il rejette les comparaisons à la Nouvelle vague me dit Hejer. Les deux actrices principales sont remarquables : Noémie Merlant, brillante dans son rôle de peintre dans le film Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, on la retrouve ici dans le rôle d’une jeune femme féministe qui vit mal sa sexualité et Lucie Zhang, émouva...

Journal de cinéphile

Image
DRIVE MY CAR de Ryusuke Hamaguchi  11 février  Avec l’ouverture des salles de cinéma, on s’est ruées mon amie Hejer et moi dans un film de Ryusuke Hamaguchi qui est une adaptation de la nouvelle du même nom de l’écrivain Haruki Murakami parue dans le recueil Des hommes sans femmes . Un régal de 3 heures. Réflexion sur le jeu de l’acteur, sur les œuvres de Beckett et de Tchekov, critique du Japon, etc.. si riche et profonde réflexion sur les relations amoureuses et de filiation.  À voir absolument !   LICORICE PIZZA de Paul Thomas Anderson 13 février Pour assouvir notre soif du cinéma sur grand écran, le deuxième film vu est Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson avec l'actrice Alana Haim, sacrée meilleure actrice aux Golden Globes 2022. Le casting de la famille d'Alana est sa propre famille. Une comédie dramatique qui critique la société américaine des années 70, les idées reçues, les relations amoureuses, la société de consommation, tout cela sur un ton léger. Réjo...

Le filigrane de l’interrogativité dans l’écriture de Nadine Ltaif par Lucie Lequin

Image
Dédié à l'estimable et regrettée Monique Bosco, le dernier recueil de Nadine Ltaif s'insère dans la tranquillité de l'absente, dédicataire qui ne lira pas ces textes, mais qui soutient le cœur des mots: «continue, continue, n'arrête pas, surtout pas, écris comme jamais tu n'as écrit, à pleine bouche. L'amour, comme l'écriture, comme la vie, tous les jours, côtoie la mort.» «Entre vestige et disparition», voici le monde qui se perpétue, qui se maintient à contre-courant, pour la survivance de l'espoir et de l'émerveillement, même si la poète avoue: «Je suis / une douleur sans nom»! Journal de voyage, le recueil se recueille. Devant Goya ou Guernica: la guerre, la férocité. Voilà, c'est cela: «Le présent sera une suite / de petites violences / et de grandes douleurs / Les moments de paix / trouvés dans le jardin / de jasmins / de cyprès / de bougainvilliers / Ces moments de fusions / où l'art réussit / à vaincre les haines / raciales / où ...

Les chemins de l'Humanité -entrevue

Image
À l'émission Les chemins de l’Humanité (Radio Ville-Marie), la nouvelle émission d’Aziz Farès. J'ai eu la chance de m’entretenir avec Aziz Farès et revisiter mes premières inspirations : les Mille et une Nuits, l’apport de la traduction à l’écriture, la francophonie, la guerre, l’exil, et les voies du livre à venir.  Cliquez sur le lien : https://soundcloud.com/nadine-ltaif/les-chemins-de-lhumanite-aziz-fares-nadine-ltaif-20220304-0800-ep-08

Derrière le camion à vidange

Image
  C’est un hommage bien particulier que je m’apprête à écrire ce matin. Un après-midi de fin décembre, je conduisais vers ma maison, j’étais ralentie par un camion de vidange. D’abord agacée par le retard que je subissais, puis je fus soudain prise d'une attraction irrésistible et me mis à observer les deux préposés à l’entretien en pleine action. Deux jeunes hommes, un Noir et un Blanc, sportifs et musclés. Ils se lançaient les sacs de vidange tel un ballon devant un panier de basket-ball, visant le trou béant de l’abîme déchiqueteur. Je ne pouvais plus m’arrêter de les regarder, fascinée par leur plaisir partagé. Il y avait une telle symbiose entre les deux ! Un ballet, une danse, un pas de deux. Je souhaitais rester derrière eux, avancer à pas de tortue, pour prolonger ma contemplation de leur art du ramassage des déchets. Un vrai régal, je vous dis. Ces deux-là méritent la palme de la Ville de Montréal.                  ...