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Oeuvre en couverture : Khosro Berahmandi
Les Métamorphoses d'Ishtar, éditions du Noroît (première édition 1987, Guernica) à été réédité à plusieurs reprises.
Traduit en anglais par John Asfour.
Entre les fleuves (1991) finaliste au prix Émile Nelligan
Traduit en anglais sous le titre Changing Shores (Guernica 2008) par Christine Tipper
LES MÉTAMORPHOSES D'ISHTAR
Aujourd'ui j'ai vu
comment meurt une ville
et j'ai été abandonnée
et je suis partie
et de rien
et je reviens d'un long voyage
mais par où commencer
par où
je commence par la mort
car on ne peut commencer que par la mort
de ce récit qui prend la forme de la misère
je vous conte une histoire
concernant des oiseaux
une histoire un conte une odyssée
l'odyssée du Phénix madame
ou comment aime le phénix
avec ses flammes avec ses feux
lorsqu'il n'y a plus de dialogue possible
et que plus rien n'exprime l'amour
que le désir
lorsqu'il se jette et lorsqu'il flambe
je vous conte ce qu'ont vu mes yeux
du murex
et de la pourpre
et une tere libanaise qui aime brûle aime
et embrase la mer.
Et je suis partie et de rien
moi la terre déracinée que je nomme Sidon
car la guerre n'épargne
ni ma passion ni ma mémoire
celle des milliers d'années
et même si mon récit se situe dans les années
quatre-vint
ma douleur à moi
remonte
à l'antiquité du temps
au passé de l'âge et de l'instant
car je suis Sidon
Sidon à Montréal
voilà comment est mon exil
à peine suis-je née
que je n'existe déjà plus.
Voilà ce qu'a fait de moi
la guerre civile
et de mon corps
et de mon bassin
qui rassemble les cultures
et fonde les religions.
À peine suis-je née que je n'existe
déjà plus
car la guerre empêche la vie de naître
empêche les fleurs de mûrir
empêche le soleil
et rompt le rythme des choses
comment trouver un rythme
un rythme autre que celui les lamentations
Qu'Allah vous éloigne du fils d'Adam
s'écrie ma nourrice
de cet homme de la guerre
que Dieu vous épargne
ce qu'ont vu mes yeux
ces yeux-là qui ne se referment plus
depuis 1975
date de mon premier exil.
COMMENTAIRE DE LECTURE:
Les Métamorphoses d'Ishtar
Nadine Ltaif pourrait être comparée à Samuel Beckett. Ce
n'est plus la voie de la pléthore, de la surcharge, mais celle de la plus
extrême sobriété. Il ne s'agit plus de noyer la langue dominante sous d'autres
langues, même inventées de toutes pièces, comme pour se sortir d'un carcan, et
dire, proclamer, qu'on est créateur, et non québécois (on peut dire qu'on est
québécois, mais en second, subsidiairement), mais il s'agit ici de prendre la
langue française, ou québécoise (à ce niveau, la distinction devient elle-même
secondaire), pour l'épurer de tout ce qui dépasse, comme le temps épure les statues
de tout ce qui dépasse, bras, sexe, tête, pour la faire « filer la tête la
première en culbutant» (Kafka). La langue perd ses problèmes, oublie ses
«débats», pour ne plas que ressentir, et faire sentir, la douleur, celle de
l'exil sans doute, celle d'être séparé de la mer, de la patrie, de la mère, et
plus encore de la nourrice, mère surérogatoire qui joue déjà comme une langue
dans une autre langue, mais plus encore comme celle d'être là, d'être en vie,
d'être en amour avec un loup, comme elle dit. Dans le livre de Nadine Ltaif,
Les Métamorphoses d'Ishtar, la langue québécoise atteint à une sobriété
proprement beckettienne: «Ce sable acheté par
l'Homme attire les touristes. Il farde et farde les femmes du plus lourd
fardeau. » Cette entreprise est exemplaire au sens où elle ne consiste qu'en
une conjugaison de minorités. Libanaise de langue arabe forcée, mais parfois
comme une grâce, de s'exprimer en français (ni le français de France, ni le
québécois du Québec ), déracinée par la guerre ( et déracinée déjà par la
guerre dans son propre pays), transportée au Québec par un concours de
circonstances, y rencontrant le déviant, l'anarchiste, le blasé de tout, et lui
insufflant, du fond de l'Orient, une nouvelle vie, toujours à côté de toutes
les normes, toujours à côté, ni blanche, ni noire, ni étrangère, ni pure laine,
elle empoigne une langue qui est déjà là, et qu'elle a apprise dans sa
jeunesse, non pas pour nommer, mais pour mettre en musique sa douleur, lui
faire chanter une voix, une joie qui s'alimente à tous les orients et Occidents
de l'âme - quitte à ce qu'elle se crée un nouveau territoire imaginaire, celui
du divan de l'analyste.
Pierre Bertrand, Vice Versa No 28
Cette déesse orientale incarne un des symboles les plus puissants et les plus évocatifs qui se situe au coeur même de l’univers poétique de Ltaif. Comme le symbole du phénix qui sera abordé plus loin, celui d’Ishtar est assimilé au mythe de l’exil et la souffrance, de la mort et de la résurrection.
On sait que Ishtar, déesse de la fertilité et de la vie, décide un jour de descendre aux enfers pour vaincre et abolir la mort. Elle échoue dans sa mission. Mais avant de remonter des enfers, elle doit fournir un remplaçant. Ce sera son mari Tammouz. Devant les lamentations de ce dernier, la souveraine de la Mort décide que Tammouz et Ishtar passent chacun six mois en enfer chaque année. Le mythe raconte l’échec de la mission d’Ishtar et l’obligation des humains à accepter l’alternance vie et mort. Mais ce drame rappelle aussi que la souffrance de l’enfer n’est jamais définitive et que la mort est toujours suivie de résurrection.
...
Le mythe du Phénix dans la poésie de Ltaif est intimement liée à celui d’Ishtar. En évoquant le destin majestueux de cet oiseau, la poète retrace ses propres expériences douloureuses tout en gardant à l’esprit l’exemple merveilleux de l’aboutissement glorieux de toute souffrance.
Antoine Sassine (Collège Mont-Royal, Calgary, Canada)
L’Orient méditerranéen dans la poésie de Nadine Ltaif(extrait)
Les Métamorphoses d'Ishtar, Guernica, Montréal, 1987, 70 p. Réimpression 1988
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Finaliste au prix Émile Nelligan
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ENTRE LES FLEUVES
À l'ombre d'Hécate
I
À la belle dame sans merci
L'histoire que je raconte
je ne la tiens de personne.
Et pourtant, je ne fais que répéter l'éternelle histoire.
Hécate a le visage changeant de celle qui aime.
Elle est au carrefour des figures mythiques,
au fond de mes ténèbres à moi.
Elle tient mille torches,
a choisi de se mettre à la place de mon coeur
pour m'éclairer monstrueusement.
C'est sous cet éclairage que je décide de peindre
l'amour.
Je raconte, comment j'ai été complètement
amoureuse d'Elle, soudain, me voilà renaître à
nouveau entre ses doigts, c'est moi qui avais placé ses
doigts, et j'avais cherché à éclore d'Elle, j'ai cherché à la
connaître, à la lire, à la noyer de lettres, je décidais
qu'Elle allait naître de moi à présent.
Je cherchai une île, l'île du Naufragé, appelée
aussi l'île de M. Raison et Folie s'affrontent, et je
croyais qu'Elle, Sage, allait me tendre une main
pour résoudre cette énigme.
Pourquoi me sentir soudain en déséquilibre
sur cette terre ?
Pourquoi mes pieds tremblent-ils ? Pourquoi
encore suis-je tellement effrayée d'être en exil ?
Elle veut me planter les deux pieds dans
la terre, et pas... ? ni dans Son coeur ?
Parce qu'elle m'a appris à être libre, c'est
à Elle que j'ai voulu offrir ma première lettre.
Elle, sous toutes ses formes, ses âges. Je ne
cherche qu'à parcourir, qu'à rêver: Ses âges les plus
anciens et les plus réels, les plus palpitants sous mes
yeux, ses textes qui respirent malgré le temps qui passe.
Je sais aussi parfois qu'Elle n'existe pas,
Elle a peut-être existé. Trois minutes chaque
jour des reportages télévisés nous montre Son petit
corps mourant de faim. Pourquoi avons-nous rendu
Son histoire si horrible ?
Je voulais faire le portrait de ma fée. Tant
que je ne l'avais pas fait je restais en manque.
Affamée.
Furtivement je savais tout ce qui manquait. Ça
prenait du temps pour déterminer tous les éléments
qu'un Fleuve souterrain s'amusait à noyer de manière
absolument incontrôlable. Je n'arrivais pas à voir la
venue des choses à la surface de l'eau.
Elle était comme une immense tornade.
Au centre je la savais de miel. Tout autour, des
vents contradictoires. Et moi.
Je voulais atteindre le noyau. Je ne comprenais pas.
Étant faite moi-même de vents. J'étais du vent. Ariel. Du vent.
Du vent. Du vent. Rien du tout. Absolument tout. Fureur en
mouvement perpétuel. Sans racines, Sans abris. La tempête elle-
même. Comme une épreuve. Ou bien comme une folie. Je ne
me calmais pas. Rien ne me calmait. Je n'étais pas moi. Lieu
vacant, réceptacle.
COMMENTAIRE DE LECTURE:
Entre les fleuves
Ces passages essentiellement extérieurs ne sont
que le miroir d'autres passages que doit accomplir
l'écrivaine dans sa recherche d'un autre lieu
d'ancrage, intérieur, spirituel, qui viendrait couronner
le premier, plus terrestre. À travers ses écrits, nous constaterons son émergence du Chaos d'origine,
ses tentatives de s'identifier aux différentes
déesses-mères comme de s'en libérer, sa descente au centre du labyrinthe, sa découverte d'une
identité de femme autonome dans laquelle s'installer.
D'une identité fusionnelle d'écrivaine ancrée aussi
en elle-même.
MAIR VERTHUY
Itinérance et ancrage chez Nadine Ltaif ACFAS (extrait)
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ÉLÉGIES DU LEVANT
Nous sommes piégés
dans la Quête insoluble et absurde.
Quand tu écris
il y a en toi une rupture
un déracinement.
Tu es alors une branche qui se sépare
d'un tronc d'arbre.
Tu es comme l'affluent
qui a perdu sa source.
Une branche tombée
souffrance
encore tremblante.
COMMENTAIRE DE LECTURE:
Élégies du Levant
Cette écriture qui se tient loin des frontières non pas pour les abolir, mais plutôt pour les éroder peu à peu afin que le préconçu et le déterminé fasse place à l'inédit, à la mixité, à l'entremêlement, cette écriture qui se veut pacte dialogique entre l'Occident et l'Orient est aussi, en même temps, monologue. Écriture comme stratégie pour éviter le coinçage dans la facilité rassurante; écrire au plus près de soi, dans la solitude; en même temps, écrire pour toucher la main de l'autre; écrire pour réaccepter perpétuellement de vivre la brisure, la perte. La mère dans Élégie du levant saisit toute l'ampleur de cette répétition; s'adressant à sa fille poète.
Cette deuxième voix- celle de la mère- serait-elle en fait la voix de la poète qui se dédouble pour se mettre en question, pour douter de sa quête, pour dire les voix qui parlent par elle, pour montrer qu'elle est multiple et une ou encore pour rappeler l'impossible consolation et la dure réalisté du fragment, ainsi que la tristesse du règne de l'homme ?
Lucie Lequin (Université Concordia)
Élégies du Levant, Le Noroît, 1995, 61 p.
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Le livre des dunes, éditions du Noroît (1999)
Oeuvre en couverture : Mirella Aprahamian
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couverture : Mirella Aprahamian
Recension :
Lorsque je prends dans mes mains offertes Le livre des dunes, je vois, l’ornant, la tonique et attendrissante eau-forte de Mirella Aprahamian, de Beyrouth. Quatre carrés : Le cœur ouvert. Quatre cavités par lesquelles j’entre, guidé par la voix sahélienne, dans le souffle très hautement poétique de ces textes d’étoiles brèves.
D’abord, « Le ventre de Noun ». D’erg en erg, j’entends les flots de l’océan primordial de la mythologie égyptienne, lieu de surgissement de l’œuf, peut-être bien de la compassion. C’est alors qu’une femme, « plongée au centre de la terre », allégorique, énonce calmement, avec une humilité radieuse, la multiplicité de son exil, la résistance qui la tenaille et la conduit à traverser un enfer dantesque. Car le fond du monde est le sien. Cette femme émigre, dérive et… refuse. La voici donc à un carrefour : Hécate, à l’ombre de qui elle avait amorcé Entre les fleuves (1991), revient perpétuer la lumière.
Plus d’amour encore devient nécessaire : « Soleil de Grenade et Sourire de Lune ». Au départ de ce second poème, on dirait le désespoir. Très vite, l’amour, la vie et les astres, énergies du corps en braises, venues d’aussi loin que la mort, appellent : « Croyez au bonheur / au mouvement du bonheur / et de la souffrance / de la tragédie ou de l’absurde. » Que de beauté violente, que de suave richesse !
Puis vient « Le nom d’Agar », cueillant l’absence, la douleur, ses cris : l’impossession. Deux vers : « Il m’est difficile d’être arabe / ou de porter une image en mon nom », provoquent le labeur accompli dignement par la poète. Elle chante : « Je n’arrive plus… », « Il m’est difficile… », « Je ne saurais… », « Je n’ai que… », formules qui reviennent toutes à revenir au doute. Arabe… un mot qui résonne comme les sabots d’un cheval claquant dans la mollesse du sable friable, comme le nom de l’esclave d’Abraham. Le fouet de l’air et des nuées.
À traverser ce recueil, à le retraverser, à le parcourir en tous les sens, on découvre peu à peu sa véritable dimension d’espérance, sa conviction profonde qu’au-delà des cultures, rivée à elles, résonnera toujours la voix de l’éternité, de l’humain. C’est pourquoi, en définitive, « [s]eul le chant triomphe / un – je t’aime – / a capella ». Nous pouvons ensuite gravir les ondes du poème de clôture, « Sinaï », pour recevoir, bercés par la Passion selon saint Matthieu , « le timbre de la liberté ». Être arabe, peut-être cela signifie-t-il pour la poète surgir des interstices où son nom retrouve son image.
Michel Peterson, Nuit blanche, no 78, 14 janvier 2003.
https://nuitblanche.com/comment.../le-noroit-saint-hippolyte
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Le rire de l'eau, éditions du Noroît (2004)
Oeuvre en couverture : Carlos de la Stella
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couverture : Carlos de la Stella
Scènes de Carthage
Ce matin j’ai plongé
dans les bras de la mort.
Je me suis imprégnée de sagesse.
Dans le silence
le secret
le mystère
de Carthage.
Les racines d’un palmier enterrent un tophet.
***
Sous l’ombrage d’une palmeraie
gisent les stèles d’enfants morts
Une chatte au fond du site
dans la pose hiératique
me fixe immobile.
Des palmiers puniques
se figent pénitents.
Dans le mouvement du sol
les pierres se battent
avec les racines.
Les deux : vainqueurs et vaincus enlacés.
Figuiers, dattiers, ou jerid immenses
prosternés vers le sol.
Le plus ancien site des conquêtes
phéniciennes accueille une des leurs
survivante.
Elles lèguent à d’autres
leurs vaines batailles.
Commentaire de lecture :
Un mot pour te dire que j'ai beaucoup aimé Le rire de l'eau. J'ai été frappé par sa simplicité, sa limpidité, son dépouillement. Tu parviens à t'y exprimer très directement. On sent ton souffle, le mouvement des affects, ta personne. Tu joins la plus grande intimité à la dimension de la terre, de la nature, de la vie à la fois singulière et universelle. Tu touches les extrêmes de l'affect, la souffrance, le désespoir, le désarroi et la joie, la légèreté, la sérénité, le rire ou le sourire de l'eau. Bravo.
Pierre Bertrand, philosophe.
Un mot pour te dire que j'ai beaucoup aimé Le rire de l'eau. J'ai été frappé par sa simplicité, sa limpidité, son dépouillement. Tu parviens à t'y exprimer très directement. On sent ton souffle, le mouvement des affects, ta personne. Tu joins la plus grande intimité à la dimension de la terre, de la nature, de la vie à la fois singulière et universelle. Tu touches les extrêmes de l'affect, la souffrance, le désespoir, le désarroi et la joie, la légèreté, la sérénité, le rire ou le sourire de l'eau. Bravo.
Pierre Bertrand, philosophe.
Article dans l'Orient-leJour :
Le recueil n° 5 de Nadine Ltaif vient de paraître. Son titre, Le rire de l’eau (aux éditions du Noroît), sonne comme le cristal. Comme la rime de la «taquineuse» de muse qui nous plonge là dans un univers imagé résonnant, clair et tintant. Écoutons plutôt la poétesse parler de sa recherche sur le langage poétique. « Je vais, dit-elle, avançant plus profondément dans la question identitaire, du rapport de l’autre, à la Québécoise que je suis devenue, et aux sentiments de la Libanaise que j’ai laissés en moi, libre pourtant, et détachée de toute origine. Gardant de la langue arabe ses sonorités pour musique et son souffle pour inspiration.» Au fil de sa quête, située entre le haïku japonais et le vers arabe moderne (Adonis), deux Orients. «C’est une quête formelle du langage poétique et affranchie de la figuration, allant pourtant de plus en plus dans le réel et donnant une place essentielle à l’imaginaire, qui fait aussi partie de la réalité. Je cherche à livrer la parole poétique et revendiquer la liberté, surtout en tant que femme orientale et libérée de l’orientalité, comme exactement une Québécoise ou autre écrivain qui voudrait se libérer des stéréotypes. Je me libère aussi des genres masculin-féminin, qui nous ont conditionnés, et cela depuis notre enfance.» Et de conclure: «Ces vers dont les moments de silence sont la respiration des poèmes et leur souffle: une ouverture pour assister la chute des murs qui sépare les cultures et les identités.» La poésie de Ltaif questionne l’amour, l’amitié, la souffrance, la liberté. Dans ses poèmes, elle fait souvent allusion à des figures mythologiques, à des contes et fictions de tout genre. Ses vers ou proses libres deviennent alors des manifestes pour l’oppression sociale ou l’émancipation de la femme. Nadine Ltaif a vécu au Liban durant les treize premières années de sa vie. Elle habite Montréal depuis 1980. Elle possède une maîtrise en études françaises de l’Université de Montréal. Elle a publié quatre recueils de poésie dont Entre les fleuves, finaliste pour le prix Émile-Nelligan. Depuis un an, elle est assistante sur le film Les Passeurs, long-métrage indépendant de Hejer Charf.
le 12 janvier 2005
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Ce que vous ne lirez pas , éditions du Noroît (2010)
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Oeuvre en couverture : Sylvie Paradis
"Dédié à l'estimable et regrettée Monique Bosco, le dernier recueil de Nadine Ltaif s'insère dans la tranquillité de l'absente, dédicataire qui ne lira pas ces textes, mais qui soutient le cœur des mots: «continue, continue, n'arrête pas, surtout pas, écris comme jamais tu n'as écrit, à pleine bouche. L'amour, comme l'écriture, comme la vie, tous les jours, côtoie la mort.»
«Entre vestige et disparition», voici le monde qui se perpétue, qui se maintient à contre-courant, pour la survivance de l'espoir et de l'émerveillement, même si la poète avoue: «Je suis / une douleur sans nom»! Journal de voyage, le recueil se recueille. Devant Goya ou Guernica: la guerre, la férocité. Voilà, c'est cela: «Le présent sera une suite / de petites violences / et de grandes douleurs / Les moments de paix / trouvés dans le jardin / de jasmins / de cyprès / de bougainvilliers / Ces moments de fusions / où l'art réussit / à vaincre les haines / raciales / où les grands de Tolède / et ceux d'Arabie / Quand juifs et musulmans / et chrétiens / brodent leurs efforts / Ils trouvent un chant / une pierre / un nouveau conte / à ciseler avec / amour.»
La poète émigre, franchit l'histoire comme l'Atlantique, cherche sa route et son lieu de terre et d'ancrage: «Voici les voyages / que nous offre l'écriture / des voyages immobiles / des traversées de cahiers / de bord et d'apparence.»
Poésie de la simplicité, du regard posé sur Montréal ou sur l'Inde, qui accueille les images porteuses d'une réflexion profonde sur le sens de la vie, du regret et de la détermination irrépressible qu'il faut pour se perpétuer." (Hugues Corriveau, LE DEVOIR, 11 sept. 2010)
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"Au fil des lectures, des poètes qui ont marqué ma recherche sur le langage poétique, je vais, avançant plus profondément dans la question identitaire, du rapport à l’autre, la Québécoise que je suis devenue, et aux sédiments de la Libanaise que j’ai laissée en moi, libre pourtant , et détachée de toute origine. Gardant la langue arabe, ses sonorités pour musique, et son souffle pour inspiration. Au fil de ma quête, située entre le haïku japonais et le vers arabe moderne (Adonis), deux orients , c’est une quête formelle du langage poétique, et affranchie de la figuration, allant pourtant de plus en plus dans le réel, et donnant une place essentielle à l’imaginaire qui est aussi partie de la réalité, je cherche à libérer la parole poétique et revendiquer la liberté, surtout en tant que femme orientale et libérée de l’orientalité, comme exactement une québécoise ou autre écrivain qui voudrait se libérer des stéréotypes. Je me libère aussi des genres, masculin-féminin, qui nous ont conditionnée et ceci depuis notre enfance.
Ces vers dont les moments de silences sont la respiration des poèmes et leur souffle: une ouverture pour assister la chute des murs qui sépare les cultures et les identités." NL
Hamra comme par hasard , éditions du Noroît (2014)
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couverture : Camilla Adami
Rien de mon errance, éditions du Noroît (2019)
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couverture : dessin de Nadine Ltaif
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