Nisan de John Asfour, traduit par Nadine Ltaif
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ishtar@vif.com
Beirut
The city where the route to the bay
ts still narrow For cars and pedestrians.
A river without a bridge,
High rise buildings in Alhambra
And huts in Borj Hamood.
You're bombed from the skies and from the ground.
Famous for churches, mosques and brothels.
One evening at Phoenicia Hotel,
American, French and other universities.
No other city in the world has the number of
newspapers Beirut has. A city of Mercedes, asylum,
Nuns, beaches, and broken pavements.
Beirut, what is this black, hateful crow
Crawing over your houses?
What is this broken sewage in the main square?
Once I loved you, as a beloved.
Now I hate your guts.
I sweat all through your summer,
I shiver in the fall.
Once I fried and ate your fish on the shore.
Now your water is polluted.
The most dramatic moment of your life
Was when the earthquake destroyed
The Roman University centuries ago.
All the canaries in your forest have been shot.
You can never protest to get your rights.
You can never become liberated again.
I te)J you the evenings and mornings
Have lost the touch of serenity.
Ever since you started the movie industry
You stopped caring for the gardens.
Your children are crying,
And so are your elders.
The city is torn down,
Captive, weak, feeble, unable to do anything.
Beyrouth
La ville d’où part la route vers la baie
Est toujours étroite pour les voitures et les piétons
Une rivière sans pont,
Des gratte-ciels à AlHamra.
Et des huttes dans Borj Hamoud.
Tu es bombardée par le ciel et par la terre.
Renommée pour tes églises, tes mosquées et tes bordels.
Un soir à l’hôtel Phénicia,
Américaine, française et d’autres universités.
Aucune ville au monde n’a autant de journaux
que Beyrouth.
Une ville de Mercedes, d’asiles.
De religieuses, de plages, de pavés défoncés.
Beyrouth, quel corbeau, haïssable, noir,
Croasse au-dessus de tes maisons ?
Que sont ces gravats défoncés dans le square central ?
Un jour, je t’aimais comme un amant bien aimé
Aujourd’hui je hais tes tripes.
Je sue durant tout l’été.
Je frissonne à l’automne.
Auparavant, j’ai frit et mangé ton poisson sur la plage
Aujourd’hui ton eau est polluée.
Le moment le plus dramatique de ta vie
Était quand un tremblement de terre
A détruit l’Université Romaine il y a des siècles
Tous les canaries dans ta forêt étaient chassés.
Tu ne peux jamais réclamer tes droits.
Tu ne peux devenir libre à nouveau.
Je te le dis, les soirs et les matins
ont perdu la touche de sérénité
Depuis que tu as commencé l’industrie
cinématographique
Tu as cessé de t’occuper des jardins.
Tes enfants pleurent.
Ainsi que tes aînés.
La ville est déchirée,
Captive, faible, amoindrie, incapable de rien faire.
(traduit par Nadine Ltaif)
Le titre Nisan vient de l’arabe pour désigner le mois d’avril (la période entre le 21 mars et le 20 avril). Le recueil réunit les premiers poèmes de John Asfour, poète canadien d’origine libanaise, qui a perdu la vue à l’âge de treize ans, lors de la première guerre civile du Liban en 1958. Poèmes inspirés de l’idéal de l’amour et de l’indignation face à la guerre, ils puisent aux sources antiques grecques et phéniciennes. Il ramène à sa mémoire le héros de son enfance, Jack, mort en 1973 dans un accident de voiture et ses épreuves amoureuses.
Avant son arrivée au Canada à l’âge de 23 ans, John Asfour avait commencé à publier des poèmes et des articles dans les journaux et les périodiques de Beyrouth. Il a étudié la littérature anglaise à Montréal et a reçu un doctorat de l’Université McGill. Il a enseigné la littérature anglaise durant douze ans au collégial et aux universités McGill et Concordia. Il a publié quatre livres de poèmes en anglais : Nisan : A Book of Poetry (1976), Land of Flowers and Guns (1981) One Fish From the Rooftop (19992) et Fields of My Blood (1997).
Sa thèse de doctorat a été publiée chez Cormorant Books en 1989 sous le titre When the Words Burn. An Anthology of Modern Arabic Poetry.
Nisan est son premier livre traduit aux Éditions du Noroît.
Sa thèse de doctorat a été publiée chez Cormorant Books en 1989 sous le titre When the Words Burn. An Anthology of Modern Arabic Poetry.
Nisan est son premier livre traduit aux Éditions du Noroît.
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