Toute une histoire, traduit de l’arabe par Stéphanie Dujols, Actes Sud, 2010
Il y a des sujets sacrés, tabous, qu’un écrivain n’ose toucher que du bout des doigts par peur de leur porter malheur, s’il écrit leur vie. La mère, le père, le frère, la sœur, ou tout membre de sa famille. C’est une superstition. Une croyance stupide mais qui hante l’écrivain.
Il a fallu du courage et des années pour que Hanan el- Cheikh dévoile une histoire, qui est en quelque sorte son histoire intime. Toute une histoire, c’est la voix de la mère de Hanan qui dicte à sa fille son autobiographie. La valeur historique du récit : le Liban des années trente, quarante, cinquante… soixante ans. L’autobiographique est la chose que l’écrivain a le plus de difficulté à livrer, souvent l’écrivain le censure, ou au mieux, le transpose. Le récit de sa mère devient le roman de Hanan. La version française restitue les savoureux proverbes et dictons populaires de la langue orale arabe : « Comment vais-je nourrir ces deux petits ? En coupant un bout de ma main ?! Comment vais-je les habiller ? En m’arrachant la peau ? » Les titres des chapitres sont autant d’expressions du langage parlé.
Comme un tiroir qu’on avait laissé fermé dans un coin de sa tête, Kamleh, la mère, le rouvre pour y livrer sa voix qui va s’emparer de l’écriture. On y rit, on y pleure. On ressent la frustration de la mère qui veut apprendre à écrire mais restera analphabète. Hanan fait un précieux cadeau à cette dernière et à nous, qui découvrons l’histoire du Liban.
L’écrivaine nous avait habitués dans ses romans à dénoncer la condition de la femme arabe. Toute une histoire fait écho à Histoire de Zahra, écrit vingt années plus tôt, il apparaît comme le puzzle manquant à la grande histoire de Hanan el-Cheikh. Kamleh y fait son mea culpa : pour mettre fin à un mariage forcé, elle doit quitter ses enfants pour vivre sa vie de femme libre de choisir l’homme qu’elle aime. Lorsqu’elle se confie à sa fille, la mère dira : « C’est là enfin que les rides du passé ont commencé à s’estomper. » Hanan el-Cheikh s’est souvent appuyée sur des faits de son passé pour établir le cadre de ses romans : Poste restante, Beyrouth s’inspirait de la maison de son enfance au Sud du Liban.
Soixante-six ans se sont écoulés, Hanan va aller jusqu’à accompagner sa mère dans la maison où sa mère est née. « Une pierre t’emporte, une autre te ramène ». Un récit plein d’humour et de liberté : « Qu’est-ce qu’il fait bon ici… si j’étais restée dans cette maison, je n’aurais jamais pris de Prozac ! ».
Il a fallu du courage et des années pour que Hanan el- Cheikh dévoile une histoire, qui est en quelque sorte son histoire intime. Toute une histoire, c’est la voix de la mère de Hanan qui dicte à sa fille son autobiographie. La valeur historique du récit : le Liban des années trente, quarante, cinquante… soixante ans. L’autobiographique est la chose que l’écrivain a le plus de difficulté à livrer, souvent l’écrivain le censure, ou au mieux, le transpose. Le récit de sa mère devient le roman de Hanan. La version française restitue les savoureux proverbes et dictons populaires de la langue orale arabe : « Comment vais-je nourrir ces deux petits ? En coupant un bout de ma main ?! Comment vais-je les habiller ? En m’arrachant la peau ? » Les titres des chapitres sont autant d’expressions du langage parlé.
Comme un tiroir qu’on avait laissé fermé dans un coin de sa tête, Kamleh, la mère, le rouvre pour y livrer sa voix qui va s’emparer de l’écriture. On y rit, on y pleure. On ressent la frustration de la mère qui veut apprendre à écrire mais restera analphabète. Hanan fait un précieux cadeau à cette dernière et à nous, qui découvrons l’histoire du Liban.
L’écrivaine nous avait habitués dans ses romans à dénoncer la condition de la femme arabe. Toute une histoire fait écho à Histoire de Zahra, écrit vingt années plus tôt, il apparaît comme le puzzle manquant à la grande histoire de Hanan el-Cheikh. Kamleh y fait son mea culpa : pour mettre fin à un mariage forcé, elle doit quitter ses enfants pour vivre sa vie de femme libre de choisir l’homme qu’elle aime. Lorsqu’elle se confie à sa fille, la mère dira : « C’est là enfin que les rides du passé ont commencé à s’estomper. » Hanan el-Cheikh s’est souvent appuyée sur des faits de son passé pour établir le cadre de ses romans : Poste restante, Beyrouth s’inspirait de la maison de son enfance au Sud du Liban.
Soixante-six ans se sont écoulés, Hanan va aller jusqu’à accompagner sa mère dans la maison où sa mère est née. « Une pierre t’emporte, une autre te ramène ». Un récit plein d’humour et de liberté : « Qu’est-ce qu’il fait bon ici… si j’étais restée dans cette maison, je n’aurais jamais pris de Prozac ! ».
Un long voyage nous transporte du Sud du Liban, à Beyrouth, à Ras el-Naquoura, en Syrie, au Koweit et à San Diego. Mère et fille vont se réconcilier dans le rapprochement qui a permis qu’elles se parlent l’une l’autre. Ce livre est le plaidoyer de la mère pour que Hanan lui pardonne son abandon. Hanan écoute et transcrit. On y lit des passages émouvants où la relation mère fille est décrite. Ce récit ne vous fait pas penser au Sido de Colette ? Écrit avec autant de générosité.
Écrire la vie de sa mère apparaît en fin de compte un immense merci et une reconnaissance mutuelle : « L’audace de tes gènes est dans mon sang, tu es la source de ma force et de mon insoumission », écrit Hanan el-Cheikh en terminant cette longue confession.
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