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Affichage des articles du 2011

Vol pour Beyrouth

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Elle était vêtue de noir. Assise dans la salle d'attente de l’aéroport, probablement en transit,  j’avais choisi d'aller m’asseoir près d'elle avec mon croissant au chocolat. Je pouvais, et ceci tout naturellement, partager mon croissant avec elle, elle aurait trouvé ce partage tout à fait normal. Une femme arabe ou africaine aurait trouvé tout à fait normal qu’une parfaite inconnue, assise à ses côtés, rompe son croissant et propose de le partager. Je ne fis rien. Trop gênée. Elle semblait absorbée par ses prières. Son visage était celui d’une madone, tout en elle dégageait la sainteté.  Je ne sentais pas qu’elle répondait aux critères de la femme voilée. Je veux dire de ce que nous prétendons connaître des femmes qui se voilent. Elle n’était pas si jeune ou bien était-elle de mon âge ? ne suis plus moi-même si jeune. Une entente tacite entre elle et moi. Elle, voilée; moi, cheveux frisés ébouriffés autour de la tête comme une crinière. Je n’osais pas lui...

CE QUE VOUS NE LIREZ PAS

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Ce qu'en dit Mélanie Collado dans Canadian Literature : 

Dans Ce que vous ne lirez pas de Nadine Ltaif, le voyage dans l’espace est indissociable du voyage dans le temps. Les lieux ne sont évoqués que dans leur rapport avec l’histoire ou l’attente. Que ce soit en Espagne, en Inde ou au Liban, les pierres des villes visitées sont imprégnées du passé. Elles gardent les traces des luttes et des fusions entre civilisations et elles témoignent du lourd héritage des haines raciales. Dans les poèmes de ce recueil, le souvenir des guerres l’emporte systématiquement sur la beauté des paysages et des structures. Quant à l’écriture, elle est perçue comme un voyage immobile. Autre trace visible, bien qu’elle soit plus fragile, l’écriture est associée à l’attente, au présent et à Montréal. La poésie permet d’exprimer la perte et la souffrance d’un être écartelé entre l’Orient et l’Occident, entre le passé et le présent. Écrire, c’est un moyen de lutter contre le dé...

RENCONTRE AVEC LA CINÉASTE HEJER CHARF

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photos des rencontres  http://www.hejercharf.com/Nadja_productions/Photos_rencontre.html Programme des projections Première partie : "Mémoire et effacement de l’histoire" - Je suis le Futur de votre Mémoire (4 min) - Un Seul Dieu (3 min) - Sur la trace de ma malédiction (11 septembre) (13 min) Film d’ouverture du Festival des femmes de Florence 2008 Discussion entre Maïr et Hejer et questions du public Deuxième partie : "Le vécu des femmes" - Femmes lapidées (4 min) (sélectionné dans Women Voice Now 2010)  - Where Have All The Flowers Gone (22 min) Festival International du film de New York (édition Los Angeles 2010) en primeur à Montréal Discussion entre Maïr et Hejer et questions du public ENTRÉE LIBRE Le  Cénacle-culturel Liban-Québec  présente, Films et conscience sociale: que peut le cinéma?,  une projection de courts-métrages de la cinéaste tunisienne-québécoise  Hejer Charf  suivie d’une rencontre avec la réalisatric...

Hanan el-Cheikh : écrire l’histoire de sa mère

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Toute une histoire, traduit de l’arabe par Stéphanie Dujols, Actes Sud, 2010 Il y a des sujets sacrés, tabous, qu’un écrivain n’ose toucher que du bout des doigts par peur de leur porter malheur, s’il écrit leur vie. La mère, le père, le frère, la sœur, ou tout membre de sa famille. C’est une superstition. Une croyance stupide mais qui hante l’écrivain.  Il a fallu du courage et des années pour que Hanan el- Cheikh dévoile une histoire, qui est en quelque sorte son histoire intime. Toute une histoire , c’est la voix de la mère de Hanan qui dicte à sa fille son autobiographie. La valeur historique du récit : le Liban des années trente, quarante, cinquante… soixante ans. L’autobiographique est la chose que l’écrivain a le plus de difficulté à livrer, souvent l’écrivain le censure, ou au mieux, le transpose. Le récit de sa mère devient le roman de Hanan. La version française restitue les savoureux proverbes et dictons populaires de la langue orale arabe : «...

Inspiration

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Compagnon du matin : la seconde main Pique-nique avec les canards

Mois de la photo

100 Jahre de Hans-Peter Feldmann DAZIBAO EN RÉSIDENCE À LA CINÉMATHÈQUE QUÉBÉCOISE 335 de Maisonneuve E. DU 8 SEPTEMBRE 2011 AU 8 OCTOBRE 2011 Cent ans d'interrogations Le regard de cent êtres humains différents braqués droit devant qui regardent l'objectif. Qui nous regardent droit dans les yeux. Qui disent :"Tu me regardes et je te vois vivre, tous les ans, à toutes les étapes de ta vie." Regards mitraillettes. Du fond de moi vers le fond de toi. Face à face avec la vie qui passe. Avec le temps qui s'écoule, avec la mort qu'ils questionnent. Interrogateurs. Prenez garde au regard de celui qui vous regarde. Quémandeur. D'une réponse. Celui-ci porte-t-il son âge ? Et celle-là ? photographiée à l'âge indiqué sous la photo : 50 ans. Porte-t-elle le nombre d'années réellement ? Où commence la ride ? Où commence l'affaissement du dos ? On sort de la salle avec une étrange sensation. Sans savoir la formuler.  Mais avec la sensation...

11 sept.

 Cher(e)s amies et amis, le 11 sept  commémoré en 2008 par Hejer Charf : Film Sur la trace de ma malédiction

Souad Labbize : J’aurais voulu être un escargot

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J’aurais voulu être un escargot (ou l’Histoire de Tonjaz Miracle) de Souad Labbize éditions atlantica-Séguier, 2011. Souad Labbize réussit dans son roman à dénoncer le sort d’une fillette qui grandit dans une société arabo-musulmane. Récit sensible et féministe écrit dans le souffle des conteurs arabes. Le Vieux conteur d’abord, puis nenna, la grand-mère répètent la légende de l’arche de Noé, ou récit des origines d’un peuple, transmise de génération en génération sur le mode oral. L’oralité en effet joue un premier rôle car elle marque le style de l’auteure. On assiste à l’islamisation d’une société sous les yeux interrogatifs de la jeune fille qui voit l’étau se refermer progressivement sur elle. Sa liberté est de plus en plus réduite. S’adressant à Mira, la tante partie, elle écrit : « si tu savais à quel point Toujaz Miracle (le nom de la ville mythique) a changé, qui reconnaîtrait ce pays envahi par une foi belliqueuse » ? alors que « la religion...

LES REPRÉSENTATIONS D'ISHTAR

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LES REPRÉSENTATIONS D'ISHTAR

Visite de l’exposition : Berlinde de Bruyckere

Visite de l’exposition : Berlinde de Bruyckere DHC/ART du 30 juin au 13 novembre 2011 451 & 465, rue Saint-Jean Montréal www.dhc-art.org « Corps humains, corps animals, même transcendance » Des corps comme des potences, de la chair animale ou humaine fait écho aux carcasses de bœufs suspendus, des étalages de boucher, des peintures de Goya. Les géantes sculptures en cire et résine de Berlinde de Bruyckere, artiste belge, nous dévorent dès l’entrée de la salle, Nous sommes reçus par un duo de cadavres de chevaux, placés comme deux ballerines sur les étagères d’une morgue. Laideur, beauté, pourquoi éprouvons-nous de l’épouvante au regard de la scène ? Car il s’agit d’une mise en scène. D’un « spectacle » comme l’écrivent si bien en introduction les commissaires de l’exposition : Phoebe Greenberg et John Zeppetelli. L’épouvante secoue en nous le sentiment de beauté. Mais à la première visite, la vision des corps suspendus est de l’ordre de l’intolérable....

The Metamorphoses of Ishtar by Nadine Ltaif -Translated by John Asfour, Guernica, 2011

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                                       The Metamorphoses of Ishtar by Nadine Ltaif t                                          Translated by John Asfour, Guernica, 2011 « Il y a dans la poésie de Nadine Ltaif à la fois une inquiétante douceur et une lumineuse clarté.  Pour mieux pénétrer dans l’intimité de son univers poétique, il est important de souligner l’aspect hautement autobiographique qui l’imprègne et les métamorphoses intérieures vécues ou subies par le moi grâce à l’apport bénéfique de certains mythes fondateurs. »  … « Pour bien apprécier le processus de l’imagination créatrice chez Ltaif, il suffit d’approfondir cette expression si éloquente de la quête métaphysique née de sa « soif de mémoires anciennes » pour apprend...

Nisan de John Asfour traduit de l'anglais par Nadine Ltaif

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Nisan de John Asfour, traduit par Nadine Ltaif pour se procurer le livre : ishtar@vif.com Oeuvre en couverture : une peinture de Shérif Ltaif Beirut The city where the route to the bay  ts still narrow For cars and pedestrians.  A river without a bridge,  High rise buildings in Alhambra  And huts in Borj Hamood.  You're bombed from the skies and from the ground.  Famous for churches, mosques and brothels.  One evening at Phoenicia Hotel,  American, French and other universities.  No other city in the world has the number of  newspapers Beirut has. A city of Mercedes, asylum,  Nuns, beaches, and broken pavements.  Beirut, what is this black, hateful crow  Crawing over  your  houses?  What is this broken sewage in the main square?  Once I loved you, as a beloved.  Now I hate your guts.  I sweat all through your summer,...